Menu
Libération

Le disgracié

Article réservé aux abonnés
publié le 22 juin 2007 à 8h26

Rien n'est plus satisfaisant, pour ceux qui en ont moins, que la mise en scène d'une intelligence qui échoue. Celle d'Alain Juppé est assez grande pour qu'il ne semble plus avoir besoin d'autre chose, pas même de succès. Elle refroidit sous vide, sans élan ni sympathie : un sérac en altitude, en solitude, en amertume, qui tend ses arêtes dans l'air raréfié des sommets. L'échec devient sa vertu. Il sculpte son orgueil et son personnage, comme, dans les tableaux du Caravage, les ombres jettent la mort dans la vie. Mais cet orgueil et ce personnage ne s'accompagnent d'aucune joie : la maladresse est leur mouvement ; la tristesse, leur destin. Une coquille d'arrogance sur la tête, celui qu'on appelait jadis Amstrad, du nom d'un ordinateur périmé (ils le deviennent vite, encore plus vite que nous), rappelle ce poussin animé que suivent d'image en image un petit nuage et la pluie. Est-ce vraiment trop injuste ? Les mots doux qui accompagnent sa défaite ont une saveur funèbre ­ les morts étant vraiment les seuls dont les vivants disent autant de bien. La pauvre Rachida Dati, qui a l'air chaque jour un peu plus de ce qu'elle essaie d'oublier dans un monde qui ne cesse de nous le rappeler, rend «hommage à son humilité». La sévère Elisabeth Guigou, soigneuse miniature de rondeur et d'acier, salue «la dignité de sa déclaration». Le pétrel Jean-François Copé, fendant avec appétit l'air et la glace des ambitions contraires, déclare qu'il est «quelqu'un d'exceptionnel à t