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Libération
Interview

«Les couleurs, je suis né dedans»

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publié le 22 juin 2007 à 8h26

Que faisiez-vous le jour de vos 20 ans ?

Christian Lacroix : Le jour de mes 20 ans ? Un peu flou, plusieurs souvenirs d'anniversaire se superposent, une fête «cosy-underground» avec des cierges, des gens en blanc, des copains travestis, un carambolage de nuit en méhari dans les dunes de l'Espiguette ; je me souviens aussi de mon ami Jordi Jorda pris de malaise devant les photos d'un massacre à la baïonnette au Pakistan. Je n'ai jamais vraiment aimé les anniversaires. A 20 ans je me suis laissé pousser la moustache.

Qu'est-ce qui vous surprend le plus chez les gens de 20 ans aujourd'hui ?

Qu'ils ressemblent à la tribu «post-minet» que nous étions alors : chevelures, Ray-Ban et jeans «slim». Je veux me dire qu'ils ont la même utopie, la même énergie alternative, les mêmes refus.

Fermez les yeux. Nous sommes vingt ans plus tard, en 2027. Qu'aimeriez-vous voir en premier en les rouvrant ?

Une surprise inimaginable à l'heure d'aujourd'hui.

Y a-t-il quelque chose de vain à inventer des collections tous les six mois ?

Probablement, mais parfois je souhaiterais, ou préférerais, en faire une par semaine ou quinzaine ou encore toujours la même sur laquelle revenir au jour le jour comme Pénélope. Une garde-robe en perpétuelle évolution, sans rupture.

Comment qualifieriez-vous les années 80 ?

Vaines, présomptueuses, vulgaires, inconscientes, chamarrées, adolescentes, cyniques, utopiques, suicidaires, mais sacrément plus légères que les années 90. On préfère toujours sa décennie d'adolesce