Comme l'alphabet coréen est indéchiffrable, on ne cherchera pas à saisir un message dans le travail de Ahn Sang-Soo. On médite d'abord devant ses signes géométriques, la sérénité de ses mises en pages. Comme celle de son autoportrait, à l'entrée de l'exposition que la galerie Anatome consacre à ce graphiste. Un signe curieusement familier. Par où commencer pour découvrir Ahn Sang-Soo ?
Ce graphiste, né à Chungju, en 1952 à 150 km de Séoul, est d'abord coréen. L'alphabet qu'il utilise, le Hangul, est le plus juvénile des alphabets du monde, créé en 1446 en réaction à l'alphabet chinois dominant, sans idéogrammes. Mais le Hangul est aussi devenu un carcan nationaliste. Ahn Sang-Soo le fait évoluer, en respectant la tradition coréenne.
Poétique. Mais qu'est-ce que le Hangul ? Là, il faut un décodeur, en la personne de Guillaume Frauly, critique de graphisme : «Chaque signe, explique-t-il, est une représentation de la forme de la bouche, de la langue, des lèvres et de la position de la glotte. Il reste aujourd'hui le seul caractère au monde dessiné pour suivre la physiologie du langage.» Composé de 14 consonnes et de 10 voyelles, il offre 12 000 combinaisons. «Ahn San-Soo le simplifie, poursuit Frauly, en offrant les mêmes possibilités, mais en se basant sur cinq symboles : le point, un trait horizontal, vertical, diagonal et le cercle. Une géométrie qui intrigue l'oeil européen. Il offre une passerelle entre les graphistes européens et asiatiques...»
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