A l'instar d'une Callas pour l'Italie et d'une Schwarzkopf pour l'Allemagne, Régine Crespin fut une ambassadrice lyrique majeure du XXe siècle. Défendant les couleurs de la France, du Met de New York au Staatsoper de Vienne, en passant par Salzbourg et le Teatro Colon de Buenos Aires, c'était une star dont le destin a fait rêver des générations. Mais aussi une musicienne exceptionnelle, qui avait déposé des standards d'interprétation berliozienne avec son enregistrement mythique des Nuits d'été, et livré des gravures marquantes de la Maréchale (le Chevalier à la rose de Strauss) et des grandes héroïnes wagnériennes: Sieglinde sous la baguette de Solti, Kundry sous celle de Knappertsbuch et Brünnhilde dans la Walkyrie enregistrée par Karajan avec le Philharmonique de Berlin.
Fraîcheur. Les qualités de Régine Crespin? Un timbre d'une grande fraîcheur, qui offrait des aigus clairs et des nuances profondes de mezzo, un volume et une projection autorisant les rôles dramatiques et un contrôle de l'émission garant de pianissimos stratosphériques. Enfin, une force de travail et une détermination qui lui permettront de triompher à la fois dans la mélodie française, le lied allemand et l'aria italien, avec une diction également irréprochable.
Si son père fut sceptique quant à sa carrière sur les planches, la grand-mère italienne et la mère de Régine Crespin l'ont encouragée, dès son plus jeune âge, à chanter en public. Elle a 16 ans quand Madame Kossa accepte