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La reine maudite

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S'il ne résiste pas au décryptage des intrus, le code se retourne contre son auteur Marie Stuart l'a payé de sa vie.
publié le 18 juillet 2007 à 8h50

Pour son exécution, la reine a passé une robe magnifique : «La plus grave , écrit Stefan Zweig, en velours cramoisi-brun à corsage de soie noire, la fraise blanche dressée et les manches amples et pendantes [.]». Et comme il lui faut aussi, pour la décapitation, une tenue plus légère, «elle a revêtu sous son costume de cérémonie une robe de taffetas velouté rouge qui découvre ses épaules et porte gants montants couleur de feu, afin que le sang, en jaillissant, ne tranche pas trop violemment sur les vêtements.»

Un public hostile emplit la salle de Fotheringhay à l'entrée de Marie Stuart. Elle veut un prêtre catholique. L'Angleterre lui impose le prêche d'un pasteur obtus. Elle l'interrompt plusieurs fois avant de s'agenouiller et de prier en latin. Puis elle pose sa joue sur le billot recouvert de velours noir qu'elle enlace. Le bourreau manque son coup. La lame s'enfonce dans son crâne, arrachant à Marie un gémissement qui résonne dans la grande salle. Il faut relever la hache qui, cette fois, coupe à moitié la nuque. Un troisième coup tranche enfin les derniers lambeaux. Quand, selon la coutume, le bourreau prend la tête pour la brandir, elle roule sur le sol, laissant dans la main de l'exécuteur la perruque tachée de sang. Il faut ramasser la tête, qui est celle d'une vieille femme tondue dont les lèvres bougent encore un quart d'heure. On lève le tronc dont jaillit une fontaine de sang pour le placer dans un coffre. Un petit chien s'échappe en ja