Jean-François Champollion s'évanouissait pour un oui ou pour un non. Qu'on lui apprenne quelque nouvelle triste ou surprenante, qu'il découvre un élément nouveau dans ses recherches ou bien un morceau de statue plein de promesses, et le voilà tombé par terre, inanimé, pâle et suant, provoquant l'alarme de ses proches et l'arrivée du médecin. Sans doute était-il affecté d'une secrète maladie qui tendait ses nerfs et faisait fluctuer son sang : il mourut à l'âge de 41 ans après un ultime malaise.
Entre-temps, il avait rendu à la cause du savoir humain un de ces services qui méritent honneur et postérité : Jean-François Champollion a ouvert aux esprits savants ou simplement curieux les mystères de l'ancienne Egypte. Et cette gloire insigne, Champollion la doit à un talent qui en fait sans doute, avec Sherlock Holmes mais dans un domaine autrement vaste, le plus célèbre cryptanalyste de l'histoire : celui qui, le premier, a décrypté le code égyptien.
Bien avant lui, l'ancienne Egypte fascinait. Au XVIIe siècle, le pape Sixte V, par exemple, avait redessiné la ville de Rome en plaçant aux principaux carrefours un de ces obélisques que les sujets des pharaons élevaient sur leurs places ou devant leurs temples. Et bien sûr, les passants admiraient ces ensembles de signes stylisés au charme typographique inépuisable qu'on appelait les hiéroglyphes, se demandant ce que des hommes énigmatiques pouvaient bien avoir inscrit sur ces colonnes trois ou quatre mille ans auparavant. Plusieurs