Des ronds de lumière, le cliquetis de portes fermées à double tour, des clameurs sourdes. Un homme apparaît qui semble raser les murs, épier son ombre, jouer les passe murailles. C'est un rat conteur égaré dans une prison dont il décrit les couloirs, les fenêtres à barreaux et les conversations échangées.
Après Urgence, sur l'hôpital (tous les jours pairs à La Manufacture), Pépito Matéo a choisi de s'immerger dans la prison par «besoin urgent de regarder dans le miroir sans doute le plus réfléchissant de notre société».
De ses ateliers in situ, le conteur a ramené une pelletée de portraits, d'anecdotes et de tranches de vie. Son personnage sert de réceptacle, passant d'une cellule à l'autre, brossant l'injustice, le suicide, l'ennui, l'abandon, la solitude. La véracité des vécus donne chair aux histoires. Resteront longtemps en tête le «Crabe», gardien de prison à la démarche latérale, ou l'amoureux de pigeons de la 601, qui finira mal.
Comme Pépito Matéo, Abbi Patrix a beaucoup travaillé sur la mise en scène de sa dernière création. «On est des artistes et pas seulement des conteurs.» Outre un piano qu'il utilise pour la première fois avec des compositions de Michel Musseau, sa gestuelle a été ajustée. Mains, bras, miment la forge de la parole, la mécanique du souffle qui se mue en voix. Les bras en équerre de haut en bas, de bas en haut, montrent les sublimes portes du pays dogon, parfois instrument de l'arnaque. Les Portes égrènent des hist