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Libération
Critique

Les psalmodies sans âge des tambourinaires

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publié le 21 juillet 2007 à 8h52

Ce sont de purs tambourinaires. Ils chantent d’une voix rouillée des thèmes lancinants, psalmodies sans âge aux accents semblant remonter aux Aradas, Bambaras, Congolais, Sénégalais - esclaves déportés au début du XVIIe siècle en Martinique. Danseurs. Leurs instruments sont de grosses percussions assemblées à partir de tonneaux servant à vieillir le rhum, des ti-bwa. Soit deux baguettes de bois frappées sur l’arrière du tambour qui donnent le rythme de base, où parfois interviennent d’autres mélodies comme le souffledans la kon’lambi («coquille» du lambi), ou le frottement du chacha. Quand la place le permet, il y a aussi des danseurs. C’est le bal de la plantation, que présente, depuis la fin de l’année dernière, en métropole, une bande de septuagénaires venus de Sainte-Marie, au nord de la Martinique, la plus grande ville sur la côte atlantique. A côté des musées de la banane et du rhum Saint-James, Sainte-Marie dispose maintenant de sa Maison du bèlé. Chant à répons. Le bèlé est le rythme le plus évidemment africain de la Martinique, à l’instar de son pendant en Guadeloupe, le gwo ka. Le succès de la tournée hexagonale des Maîtres du bèlé (et autres groupes traditionnels) semble indiquer un nouveau penchant, chez les amateurs de world music, pour les musiques purement traditionnelles — comme s’ils étaient gavés des fusions (à profusion) de ces dernières années. Serait-ce un retour à l’«éco-son» ? Fortement ancré dans le nord-est de la Martinique, le bèlé («bel-air»)reste