Bologne
envoyé spécial
Au Cinema Ritrovato, dont la 21e édition vient de se clore à Bologne, il y a non seulement les films perdus et retrouvés, les films esquintés, restaurés et redécouverts, mais aussi un sentiment de retrouvailles. Même s'il a beaucoup changé, le festival organisé par l'active Cineteca di Bologna reste un rendez-vous des cintrés, de tous pays, institutionnels, profs, historiens, auteurs, marginaux, heroes and villains de ce monde des derniers chrétiens du nitrate.
Ainsi a-t-on eu plaisir à y entendre, en présentation d'un livre entièrement consacré à un film de Von Sternberg dont on ne connaît qu'un fragment de cinq minutes (The Case of Lena Smith, 1929), l'historien sans pareil Kevin Brownlow lâcher sa bombe : «On souhaiterait que chaque film perdu ait droit à pareil livre. Imaginez un instant les étagères de bibliothèques où ces milliers de livres de théorie du cinéma et tous ces trucs d'interprétation - dont, je le confesse, je ne comprends toujours pas l'intérêt - céderaient la place à ces jalons qui raconteraient ce qu'on a perdu.» Cela s'appelle péter à l'église, l'assistance étant largement composée d'universitaires dont la glose interprétative est le gagne-pain - une engeance capable, à force d'explications, de vous gâter jusqu'à Chaplin, dont c'était pourtant la fête à Bologne.
Marigots. Mais pareille irrévérence ne surprend plus dans ce festival lui aussi rénové, capable d'offrir un programme de cinq heures exclus