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Libération

Les yeux neufs de mille et un Chinois

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publié le 26 juillet 2007 à 8h55

Berlin

correspondance

C'est l'une des plus spectaculaires actions de la Documenta. Les organisateurs de l'exposition allemande d'art contemporain, qui se tient jusqu'au 23 septembre à Kassel, ont laissé les mains libres à l'artiste chinois Ai Weiwei, souvent présenté comme le «patriarche de l'avant-garde chinoise».

Weiwei, né en Chine voilà cinquante ans d'un père poète banni dans le désert de Gobi, a émigré vers les Etats-Unis en 1983. L'artiste s'était donné alo rs «vingt minutes» avant l'atterrissage «pour se vider de toute son éducation». Selon lui, c'est un homme nouveau qui a découvert New York. Pressé de retrouver l'innocence de ces premiers instants, Ai Weiwei a fait venir 1001 de ses compatriotes à Kassel, avec pour mission de photographier tout ce qui leur passe sous les yeux, de faire découvrir en quelque sorte ce monde nouveau pour eux à l'artiste en lui prêtant leurs yeux.

Panneaux de circulation. Résultat : des milliers de clichés. Objets de la vie quotidienne, portraits d'Allemands ordinaires, panneaux de circulation. L'installation de Weiwei est par définition mouvante. Les 1001 Chinois de Weiwei, par groupes renouvelables de 100 hommes et 100 femmes, munis d'un visa valable une semaine, se promènent en ville, éclusant les supermarchés et les grands magasins en évitant soigneusement tout article made in China. En quelques jours, ils avaient raflé toutes les petites tailles en cette période de début des soldes, si l'on en