Heureux ceux qui vont pouvoir passer l'été à découvrir ces douze films qui sont presque autant de chefs-d'oeuvre (1). Et qui pourront partager ce bonheur avec ceux qui les reverront. Il y a d'abord les sept titres projetés en salle. Il s'agit de quelques-uns des Mizoguchi les plus célèbres, ceux qui ont fait connaître le Japonais en occident. Manque certes à l'appel la Vie d'Oharu femme galante, révélation et lion d'or du festival de Venise de 1952, qui contait en plans séquences d'une élégance rigoureuse la prostitution d'une femme noble, exclue de son milieu pour mésalliance, dans le Japon du XVIIe siècle.
Beauté. En revanche, il y a la Rue de la honte, la 85e et dernière mise en scène du maître. Il est mort quasiment sur ce tournage en 1956, à 58 ans, d'une crise cardiaque. Alors qu'il imaginait de nombreux projets et, dit-on, préparait une inflexion de son style. Dans quel sens ? Il y a fort à parier que ses futures oeuvres auraient gardé cette beauté qui avait fait de lui le grand nom de la mise en scène. «Ses films, totalement étrangers, nous parlent un langage familier, écrivait Jacques Rivette, dans les Cahiers du cinéma période jaune. Lequel ? Le seul auquel peut prétendre un auteur de cinéma: celui de la mise en scène. Si la musique est idiome universel, la mise en scène aussi : c'est celui-ci et non le japonais qu'il faut apprendre pour comprendre le Mizoguchi.»
Il est vrai que peu de cinéastes ont montré un tel sens de l'es