Michel Serrault, c'était, et cela restera, la bagatelle de 135 films de cinéma et une trentaine de pièces captées pour le petit écran. Et aussi des pitreries étonnantes, comme ce journal télévisé de France 2 (à l'époque Antenne 2) qu'il termina en caleçon, presque à poil, en lançant de grandes proclamations.
Serrault n'était pas un comique économe, mais le contraire, un clown majuscule. Comme tous les vrais acteurs de comédie, il savait chercher plus loin en lui-même des ressorts insoupçonnés, jouer des rôles dramatiques et s'y révéler aussi formidable.
Délire. Certains se souviennent peut-être de ses apparitions à la télévision, en noir et blanc, très petit écran et chaîne unique, dans les années 60. Il était alors acoquiné à Jean Poiret, l'élégant, le monsieur Loyal, le clown blanc, du duo. Le point de départ était souvent absurde : par exemple, Poiret interrogeait le chef d'orchestre Albert Petit-Lagrelêche (alias Serrault, bien sûr) sur une nouveauté, le permis de conduire les orchestres, et c'était le délire. Poiret allumait la mèche, Serrault était le TNT.
Il est né en 1928, à Brunoy, dans la région parisienne, dans une famille modeste. Son père est représentant de commerce le jour et contrôleur le soir au Théâtre de l'Ambigu. Il est aussi catholique. Lui-même se sent assez la vocation pour entrer au petit séminaire à Charenton. Il aimait à raconter l'émoi provoqué en lui par une jeune femme croisée par hasard dans Paris qui lui fit prendre conscience qu'il n'était