«Le panache flamboyant d'une comète.» Ainsi Henry de Groux (1866-1930), dont l'Institut national de l'histoire de l'art (INHA) vient de publier le journal, voyait-il le tableau idéal. Et tel ressemble la vie de cet artiste belge, tombé dans l'oubli après avoir eu un fort retentissement sur ses contemporains. En 1892, son Christ aux outrages, montrant une foule sauvage lancée à l'assaut de Jésus, fit une impression énorme sur les critiques et les artistes, à commencer par Gauguin. En 1926, il réalisa un décor délirant pour l'escalier de l'Opéra de Marseille.
Giclées de couleurs. Cette publication, première du genre pour l'INHA, illustre un intérêt renouvelé pour le symbolisme, plus de trente ans après deux expositions de référence. Henry de Groux n'est pas, il faut l'avouer, le premier auquel on songe pour citer un grand peintre symboliste. Son dessin s'encombre de maladresses, sa palette s'égare dans de grandes giclées de couleurs. Cependant, son journal se révèle être une chronique éloquente de la vie intellectuelle, particulièrement au temps de l'affaire Dreyfus, durant laquelle l'auteur prit une position sans détour en rompant avec son milieu catholique. Il raconte comment, voyant Zola à la sortie du palais de justice pris à parti par une foule criant «juif», «Prussien», il s'interposa pour lui porter secours.
En art, il vitupère contre «l'imbécile malfaisant, qu'il soit cubiste, dadaïste ou futuriste», Cézanne, Manet, Degas, «respons