Il y a zoom et zoom. László Kovács s'en servait pour aplatir un paysage, aller de colline en colline d'Hollywood ensuqué de smog qu'on voit dans Shampoo (Warren Beatty, Hal Ashby), peut-être le plus fidèle portrait du Los Angeles des années 70 jamais réalisé. Avec ce Hongrois immigré, c'est tout le paysage américain qui s'est révélé à nous : l'Atlantic City de The King of Marvin Gardens, les puits de pétrole et le nord-ouest policé de Cinq pièces faciles, la poussière californienne des années trente dans Paper Moon, New York, New York, la Dernière Valse, Ghostbusters, c'était lui.
Kovács est mort dans son sommeil il y a trois semaines, à Beverly Hills ; il avait 74 ans. Lui et son compatriote Vilmos Zsigmond se sont échappés de Hongrie en 1957, ont reçu le statut de réfugié politique et forcé les portes très fermées du syndicat des chefs opérateurs sensiblement au même moment.
Ils étaient arrivés à New York avec un sac à patates plein de bobines de film : durant l'invasion de Budapest, ils avaient volé une caméra 35 mm à l'Académie de théâtre et de cinéma où ils étudiaient, et, la dissimulant dans un sac à provisions, avaient filmé les événements. Kovács a fait des tas de métiers avant de se retrouver cameraman à Hollywood, dont récoltant de sirop d'érable en Nouvelle-Angleterre.
Lui et Zsigmond (si indissociables par l'accent, la barbe et le style, que Kovács a longtemps porté un tee-shirt avec «I'm not Vilmos» écrit dessus) ont pénét