Il aura fallu attendre quatre-vingts ans pour que la controverse générée par Tintin au Congo atteigne son paroxysme. Pendant que l'éditeur sud-africain Human & Rousseau décidait le mois dernier de ne pas traduire cet album en afrikaans, la Commission britannique pour l'égalité raciale (CRE) déclarait le contenu des images et des dialogues «porteurs de préjugés racistes abominables, où les indigènes sauvages ressemblent à des singes et parlent comme des imbéciles».
Suite à cet avis, l'éditeur anglais Penguin Books accompagne la version anglaise d'un avertissement au lecteur, tandis que le groupe américain Borders déplace les albums controversés vers la section BD pour adultes de ses libraires britanniques et américaines (Libération du 13 juillet).
La société Moulinsart, qui commercialise les albums de Tintin, n'en finit pas d'être inquiétée : un étudiant congolais en sciences politiques vient de porter plainte pour dénoncer le caractère raciste de Tintin au Congo devant la justice belge.
Publié entre 1930 et 1931 dans le Petit Journal,Tintin au Congo reprend les clichés de l'époque sur un mode paternaliste : si les animaux parlent un excellent français, les Congolais s'expriment dans une langue approximative.
Foncièrement colonialiste et plein des stéréotypes qu'entretenaient les colons belges, Tintin au Congo a fait l'objet d'une réécriture à partir de 1946 : outre l'ajout de couleur, Hergé a également nuancé l'idéologie. C'es