La nouvelle est parvenue la semaine dernière au journal allemand Der Spiegel, contacté par la fille d'un mélomane capitaine des troupes de l'Armée rouge, mort il y a deux mois. Nous sommes en 1991 et Lew Besymenski, ancien membre des troupes d'élites, chargé en mai 1945 de l'inspection du bunker berlinois dans lequel le Führer mis fin à ses jours, reçoit amis et famille à déjeuner dans la banlieue de Moscou. Une partie de badminton s'improvise et sa fille Alexandra va chercher le matériel au grenier où elle tombe sur des vinyles estampillés «Führerhauptquartier» (quartier général du Führer).
Devenu après-guerre professeur à l'Académie militaire moscovite, Lew Besymenski refuse d'en parler, gêné par ce petit souvenir pillé chez les nazis. Parmi la collection de disques figurent évidemment les classiques germaniques, de Wagner à Brahms en passant par Mozart, Liszt ou Beethoven.
Plus suprenant et même sidérant, la discothèque contient certains compositeurs ou interprètes labélisés «Untermenschen» (sous-hommes) par les nazis. L'auteur de Mein Kampf, pour qui l'artiste juif n'existe pas, était en fait un fan des compositeurs Rachmaninov, Tchaïkovski ou Borodine, du pianiste Artur Schnabel ou encore du violoniste Bronislaw Huberman et du baryton Fédor Chaliapine.
Précision : l'usure des sillons des disques témoigne d'une utilisation intense et répétée. Alexandra Besymenski, qui ne sait pas encore ce qu'elle fera de ce legs, s'est confiée au Spiegel et im