Menu
Libération

Hitler était accro à la musique «dégénérée»

Article réservé aux abonnés
Dans son bunker, le Führer écoutait aussi des oeuvres de Borodine, Rachmaninov.
publié le 11 août 2007 à 9h08

La nouvelle est parvenue la semaine dernière au journal allemand Der Spiegel, contacté par la fille d'un mélomane capitaine des troupes de l'Armée rouge, mort il y a deux mois. Nous sommes en 1991 et Lew Besymenski, ancien membre des troupes d'élites, chargé en mai 1945 de l'inspection du bunker berlinois dans lequel le Führer mis fin à ses jours, reçoit amis et famille à déjeuner dans la banlieue de Moscou. Une partie de badminton s'improvise et sa fille Alexandra va chercher le matériel au grenier où elle tombe sur des vinyles estampillés «Führer­hauptquartier» (quartier général du Führer).

Devenu après-guerre professeur à l'Académie militaire moscovite, Lew Besymenski refuse d'en parler, gêné par ce petit souvenir pillé chez les nazis. Parmi la collection de disques figurent évidemment les classiques germaniques, de Wagner à Brahms en passant par Mozart, Liszt ou Beethoven.

Plus suprenant et même sidérant, la discothèque contient certains compositeurs ou interprètes labélisés «Untermenschen» (sous-hommes) par les nazis. L'auteur de Mein Kampf, pour qui l'artiste juif n'existe pas, était en fait un fan des compositeurs Rachmaninov, Tchaïkov­ski ou Borodine, du pianiste Artur Schnabel ou encore du violoniste Bronislaw Huberman et du baryton Fédor Chaliapine.

Précision : l'usure des sillons des disques témoigne d'une utilisation intense et répétée. Alexandra Besymenski, qui ne sait pas encore ce qu'elle fera de ce legs, s'est confiée au Spiegel et im