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Libération

Dans l'oeil de Wertheimer

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publié le 16 août 2007 à 9h12

En mars 1956, Elvis Presley vient d'avoir 21 ans. Il n'est pas encore un King mais avec sa nouvelle chanson Heartbreak Hotel, il pulvérise les sommets du hit-parade américain.

A tout hasard, pour la promo, sa maison de disques (RCA Victor) commande une série de portraits de la jeune idole à un photographe débutant, à peine plus âgé que son modèle. Alfred Wertheimer a 26 ans, il ne connaît rien du prince noir du rock'n'roll, mais ce qui devait être une séance de photos vite faites va se transformer en un périple complice et intime de plusieurs mois, de New York à Memphis, au plus proche, au naturel.

A l'automne 1956, au terminus de cette intrigante amitié objective, Wertheimer se retrouve seul avec le souvenir éternel d'un millier de photographies dont beaucoup seront regroupées ultérieurement dans un livre (1) et quelques-unes sont actuellement visibles à Paris dans le cadre de l'exposition Rock'n'Roll 39-59 à la fondation Cartier.

Que voit-on quand on regarde ces clichés, forcément sous l'emprise rétrospective de la légende ? L'enfance d'un roi ? Un mythe en préchauffage ? Ou alors rien de tout ça, qui fleure trop l'interprétation au forceps ? Du coup, dans les limbes de l'insignifiance, surgissent bien d'autres choses, fuyantes et joyeuses.

Voilà un beau gosse foutraque, amateur de filles à la volée, dandy fait main, boudeur mélancolique, un ado-roi encore dans la glaise de l'enfance.

Savait-il ce qui l'attendait ? La badine du colonel Parker, son manager,