Pantalon de capoeiriste bleu intense, chevelure léonine, en cet après-midi de fin août, Julien Lourau débarque dans un troquet de Belleville, la tête encore pleine du séjour qu'il vient de passer du côté de Salvador de Bahia. Au Brésil, le saxophoniste a aussi satisfait sa fringale sonore en expérimentant des approches samba-reggae avec la production de l'album de son beau-frère et en apprivoisant le forró, emblématique tradition nordestine. C'est tout Lourau, tête chercheuse du jazz, qui depuis plus d'une quinzaine d'années, vit dans l'air du temps, sans jamais prendre le train en marche, mais avec l'autonomie d'une locomotive, bien qu'il réfute tout statut de chef de file. Tribu. Lui, dans son usine à jazz enrichie aux courants actuels, s'emploie à rallier les partenaires idoines pour un développement durable afin de creuser les tranchées ouvertes depuis ses débuts. D'abord électriques avec Trash Corporation, ensuite hip-hop, puis electro avec le Groove Gang. Sans oublier ses penchants pour la musique latine, fraîchement mis en galette avec Rumbabierta, ses potes latino-parisiens, et sa passion pour les rythmes des Balkans. Un parcours qui doit beaucoup à l'instinct et aux rencontres (Henri Texier, Abbey Lincoln, Noël Akchoté, Bojan Z, Vincent Courtois), qui n'excluent pas des pauses acoustiques, ou des retours introspectifs, comme sur l'intense The Rise, consécutif au décès de son père, le sociologue René Lourau.
A 37 ans, Julien Lourau est l'un