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Libération
Reportage

Le volcan blanc des Massaïs

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Le Lengaï est le seul cratère au monde à cracher une lave blanche. Ascension en pleine éruption, et rencontre au sommet avec le dieu des tribus massaïs.
publié le 31 août 2007 à 9h25

Tanzanie envoyé spécial

Par milliers, ils teintent de fuchsia les eaux argentées du lac Natron. Les flamands roses qui piquent leur bec recourbé dans la vase à la recherche d'une algue rouge n'ont pas déserté l'étendue saumâtre. Pourtant, à quelques centaines de mètres, le mont Lengaï est en éruption. Depuis fin juillet, le cône de 2 878 mètres est secoué par une série de séismes qui ont plongé la vallée du Rift africain dans le chaos. Le tremblement de terre a été ressenti dans cette zone du Nord de la Tanzanie jusqu'aux pays voisins du Kenya et de l'Ouganda.

Le crâne rasé propre aux Massaïs, parée de bijoux en perles, Ndepesi est encore sous le choc. «Les zébus meuglaient, les bébés pleuraient, le sol bougeait. On a dormi dehors sur la place du village», raconte-t-elle, accroupie devant sa hutte. Avec sa tribu, Ndepesi habite au pied du volcan, autour duquel paissent des troupeaux de chèvres. «Les blocs de pierre tombaient de partout», détaille Yomma, le lobe des oreilles percé d'un trou large comme une pièce de dix shillings, en montrant les escarpements du Rift qui surplombent la savane. Les femmes se sont regroupées pour prier. En Massaï, Ol Doinyo Lengaï signifie «la montagne du dieu Engaï». Un mois auparavant, les hommes avaient abandonné un cabri à mi-pente du volcan en guise d'offrande, rappelle un guerrier armé de sa lance et couvert de la traditionnelle cape rouge. Peine perdue. Le Lengaï a rugi.

Rien d'exceptionnel, finalement. Le volcan est particuliè