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Libération
Critique

Poulet-Malassis, ami des poètes

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publié le 31 août 2007 à 9h26

On connaît Charles Baudelaire. Pas Auguste Poulet-Malassis, l'éditeur des Fleurs du mal. L'homme était originaire d'Alençon. Décrétée célébration nationale, le 150e anniversaire de la publication du célèbre recueil représentait pour la ville normande une aubaine de sortir Auguste Poulet-Malassis de l'oubli et de célébrer le compagnonnage du poète et de l'éditeur. «Tous deux étaient des jouisseurs dandy qui pensent que le paradis est sur terre», décrit Benoît Noël, historien de l'art et spécialiste du XIXe siècle. Les Fleurs du mal serait aujourd'hui le texte poétique le plus imprimé (2 millions d'exemplaires au seul Livre de Poche).

Mais ce ne fut pas toujours le cas. En juin 1857, Auguste Poulet-Malassis, alias «Coco mal perché» comme le surnommait son ami Baudelaire, a tiré sur ses presses alençonnaises 1 100 exemplaires des Fleurs du mal, sur papier d'Angoulême au prix de 3 francs. L'affaire ne fut pas aisée. Le poète était scrupuleux et angoissé. Il passa du temps à raturer, supprimer, retoucher ses vers. Peut-être inquiet d'être censuré, six mois après le procès de Madame Bovary. Craintes fondées.

Ouvrage mutilé. Sous le vitriol de Gustave Bourdin, le 5 juillet 1857, le Figaro étrille le livre. «L'odieux y coudoie l'ignoble ; le repoussant s'y allie à l'infect.» Baudelaire, 36 ans, est traîné en justice pour la double accusation d'offense à la morale publique et à la morale religieuse. Objet d'un procès retent