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Libération
Critique

La misère sans trucage

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publié le 4 septembre 2007 à 9h29

Il y a moins de sang, moins de violence immédiate, plus de réflexion que d'habitude dans cette dix-neuvième édition de Visa pour l'image. Ce qui ne veut pas dire qu'on rencontre moins d'atrocités, simplement, elles sont décrites au travers d'histoires, avec plus de distance.

Prenons Ian Berry et ses enfants du Ghana. C'est une situation horrible. Des mômes africains de cinq ans vendus par leurs parents pour servir d'esclaves à des pêcheurs. Pratique multiséculaire. L'agilité de leurs doigts pour démêler les filets est très recherchée. Ils ne reçoivent aucune éducation ni argent et sont maltraités. Alertée, l'Organisation internationale du travail a soutenu un ancien instituteur, George Achibra, avec mission de faire comprendre aux pêcheurs qu'il faut traiter les enfants autrement. George Achibra a convaincu les parents de lui confier leur progéniture contre compensation. Il a recueilli les petits, les a hébergés, nourris, éduqués, leur a fait ressentir le bonheur d'être un peu plus libres pendant des semaines. Puis il les a rendus aux parents. Qui n'en voulaient pas. Et les enfants désemparés ont compris - il faut voir leurs regards perdus dans les dernières photos du reportage de Ian Berry - qu'ils étaient condamnés à retourner à leur purgatoire. D'une beauté surprenante, réalisée avec une science époustouflante du cadre, cette série d'images et ses légendes posent la question des aides irréfléchies et de leur suite.

Régression absolue. Avec ses photographies de l'enve