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Libération
Critique

La Goutte-d'Or fait déborder la parole

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publié le 5 septembre 2007 à 9h30

Plus de trente nationalités coexistent dans le quartier de la Goutte-d'Or, à l'est du XVIIIe arrondissement de Paris. Majoritairement des Africains, avec forte proportion de Maghrébins (originaires surtout d'Algérie). C'est à la Goutte-d'Or que Paris bat toujours ses records d'insalubrité. On rénove, on réhabilite, mais pas autant que promis à chaque campagne électorale.

Syntaxe. La Goutte-d'Or est par ailleurs stigmatisée comme plaque tournante des «deals» tous azimuts : drogues, objets volés, contrefaçons. «Parce que la Goutte d'or/quand même/d'un point de vue historique/c'est quand même quand on remonte à l'Assommoir.» Ainsi se lance l'actrice Laurence Février, mini fautes de syntaxe magnifiées, répétitions assumées, conjonctions de coordination exténuées, oralité régurgitée, accent imperceptiblement parigot, débonnaire, et volontairement fixé dans le registre de cette bienveillance huilée de la candidate en chemin vers le scrutin municipal. Elle joue le rôle de «la femme politique», descendante presque directe et méritante de la Gervaise d'Emile Zola (1840-1902). Une native de la Goutte-d'Or, de cette 19e circonscription où, «quand même, un tiers de la population encore est française».

Au théâtre du Lucernaire, il faut écouter-voir Laurence Février en jupe mi-mollets et veste ceinturée à la façon dont se ceinturent les femmes qui vont à la messe en couleurs indécises : gris vaguement souris ; violet ou peut-être marron

C'est d'emblée que la comédienne L