C'est une des révélations de cette édition 2007 de Visa pour l'image. Il s'appelle Raed Bawayah, il a 36 ans, et a choisi de photographier sa société, la société palestinienne. «Je pense que la photo est là pour montrer des gens aux gens. Pour leur raconter des histoires simples de personnes qui leur ressemblent.» En 2002 il commence son travail par son village d'origine, Qutunna, près de Ramalah. Où il s'aperçoit que, depuis qu'il l'a quitté, bien des années auparavant, rien n'a évolué. La même fatalité devant la misère dans les yeux des vieillards et des enfants.
La méthode Bawayah consiste à exposer la question palestinienne à la lumière de microphénomènes de société. Par exemple, le sort de ces ouvriers illégaux qui partent travailler dans le bâtiment à Tel-Aviv, au nez et à la barbe de la police d'Israël ? Deux ou trois mois à survivre entre le chantier, où ils sont aussi mal payés que considérés, et le bunker souterrain où ils dormiront, loin des leurs.
Matricule. Raed Bawayah a montré ces photos en Israël, dans une exposition, avec le matricule qui lui permet, lui aussi, de passer parfois la frontière. On lui a reproché de faire une analogie avec les camps de concentration. Il n'y pensait pas ; la mauvaise conscience a fait son travail. «Je souhaitais juste montrer la réalité quotidienne des ouvriers palestiniens qui travaillent illégalement en Israël. Pour poser des questions. Par exemple : qui décide de ce qui est légal ou pas ? C'est une situation qu