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Critique

Château de marques

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publié le 11 septembre 2007 à 9h35

En 1519, François Ier lance la construction du château de Chambord. En 2007, ce joyau Renaissance accueille une exposition dont le clou et le fil conducteur sont une série de boules à neige contenant. le château de Chambord.

Cette admirable mise en abyme, à laquelle a contribué quelque fabricant asiatique d'objets souvenirs, aura donc nécessité un bon demi-millier d'années pour se matérialiser. Elle offre aujourd'hui une perspective vertigineuse, qui embrasse d'un coup toute l'étendue géographique et culturelle allant de Venise à Taipei, et de Léonard de Vinci à l'industrie de masse.

Ce déballage de boules à neige dans un temple du XVIe siècle pourrait constituer une belle performance d'art contemporain s'il ne s'agissait, dans les faits, d'ethnologie.

Donnant à voir comment le commerce et l'industrie du souvenir se sont emparés de la «marque» Chambord, l'expo illustre une facette cocasse de l'homme dans sa relation au patrimoine. C'est un déferlement de boules, mais aussi de stylos, cartes postales, aspirateurs, biscuits, assiettes, voitures, cafetières, bas nylon. Tous siglés Chambord ; tous essayant de s'approprier une part du prestige associé à ce beau nom. Chambord : un mot ample, rond, majestueux, si français. Un de ces mots dont Jerry Lewis s'emplit la bouche dans cette mitraillette à clichés qu'est son film Smorgasbord.

Tout commence voici trois ans environ, lorsqu'un conférencier du château remarque qu'il y aurait quelque chose d'intéressant à faire autour de la