Dennis Stock est de ces rares photographes mythiques. La photo la plus célèbre de James Dean, où l'on voit l'acteur vêtu de noir, les épaules haussées, tête baissée sous la pluie à Times Square-New York, c'est ce sociétaire de Magnum qui l'a prise. Une des plus belles images d'Audrey Hepburn, prise en 1954, c'est encore à lui que nous la devons. Il avait alors 26 ans. «Je suis né à Woodstock, dans l'Etat de New York», explique cet homme portant aujourd'hui barbe blanche et petit appareil de photo noir sur la poitrine. «A 19 ans, en 1947, j'ai été brièvement l'assistant d'Eugene Smith. J'étais alors trop ignorant de la photo pour le rester. Après deux semaines, il m'a recommandé à Gjon Mili, un ingénieur électrique devenu photographe, ancien élève du Massachusetts Institute of Technology, un Américain d'origine albanaise, assez dur. C'est avec lui que j'ai tout appris. D'abord à balayer le studio, puis à maîtriser la technique de la lumière, les flashs et la stroboscopie, dont Gjon fut un des premiers maîtres. Enfin à faire de la photo.»
Le jeune Dennis reste quatre ans avec Mili et finit son apprentissage par un reportage sur les immigrants d'origine polonaise et est-allemande qui débarquent à New York. Il éprouve plus que de la sympathie pour ces déracinés : une véritable empathie. «Je suis moi-même fils d'immigrés. Mon père, zurichois d'origine, est entré illégalement aux Etats-Unis. A cette époque, entrer sans visa ne vous empêchait heureusement pas d