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Libération
Critique

Un Beckett de boulevard à Chaillot

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publié le 22 septembre 2007 à 9h45

La fameuse actrice irlandaise Fiona Shaw dans la peau de la Winnie du non moins irlandais Samuel Beckett, cela ne promet que du bon. Car chacun sait que sous la conduite de sa metteuse en scène fétiche Deborah Warner, Fiona Shaw s'est souvent faite fantastique : du rôle d'Electre aux poèmes de T.S. Eliot en passant par Shakespeare.

Là, raté. Engloutie comme il sied à mi-corps, puis jusqu'au cou, dans le légendaire monticule d'Oh les beaux jours, Fiona Shaw distille, déroule, déploie, déballe un numéro de quasi-boulevard, d'une voix gouailleuse, sans arrière-plan, sans mystère, sans tristesse, sans en deçà ni au-delà. A la façon d'une ménagère ou d'une petite bourgeoise, certes irlandaise, prodiguant en babil comme colorié, un discours rodé d'avance. Au passage, des traits visent vaguement un mari trop incarné, alter ego rampant et exténué qui, le plus souvent, se tait derrière son propre tas au milieu de nulle part qu'un soleil torride surplombe.

Le conjoint Willie (Tim Potter) s'incarne ici en costard clair, dolent mais lui aussi un peu trivial, insistant sur le prétendu comique lorsqu'il souffle la morve de son nez dans le mouchoir blanc, qu'il replacera vite sur son crâne, sous le chapeau canotier.

Le décor, conçu pour le National Theatre de Londres où cette production a été étrennée, est aussi démesuré que prétentieux : une vision de désert, de magma de plaques de béton empilées, superposées comme après quelque séisme. Le décorateur Tom Pye a dû penser aux gravures d