our se délecter à l'exposition «Design contre design» au Grand Palais à Paris, il faut d'abord se départir des lectures figées qui collent à l'histoire du design. Ne surtout pas chercher à distinguer le «bon» design des arts décoratifs, de l'artisanat, de l'art, de l'architecture. Etre moins encombré de repères pour dater la naissance du design, le mouvement Arts & Craft de William Morris dans l'Angleterre des années 1850, ou le premier Bauhaus, de Walter Gropius, à Weimar, dans l'Allemagne de 1919. Car l'historien d'art Jean-Louis Gaillemin, commissaire de cette exposition organisée par la RMN (Réunion des musées nationaux), ne propose pas une histoire chronologique du design : «La perspective historique est devenue aujourd'hui d'une complexité telle qu'elle ne signifie plus grand-chose», affirme-t-il. Même s'il proclame que le néoclassisme du milieu du XVIIIe siècle a aussi contribué à la naissance de la modernité, il raconte surtout des histoires d'objets, revendique de jouer à «saute frontières» entre art, design et artisanat, entre pièce unique et série. «Chaque créateur endosse un de ces rôles, il peut être plasticien et designer en même temps.»
Gaillemin entend rompre avec l'«opposition caricaturale» qui a sévi dans les années 20 entre l'Art déco et le Modernisme. Il a envie de déculpabiliser le design. «Le design est coupable de tout, assailli par la morale, depuis la récupération du beau par l'industrie au XIXe siècle qui cache sa natu