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Libération
Critique

Le sens du glamour

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publié le 28 septembre 2007 à 9h50

Londres envoyé spécial

Dans ses mémoires, Deborah, duchesse de Devonshire (la granny du top Stella Tennant), se souvient d'une anecdote de sa belle-mère. On est en 1947, «Moucher», la duchesse en titre de l'époque et son amie la duchesse de Rutland en visite à Paris pour quelque mission plus sérieuse, décident d'aller au défilé de Christian Dior, avenue Montaigne. Les deux Anglaises, vêtues de manteaux de tweed qui ont tout l'air d'avoir survécu au Blitz, sont refoulées à la porte. Dépitées mais stoïques, elles mangent un sandwich en attendant de rentrer à l'ambassade.

«High society». Pour anodin qu'il soit, l'épisode donne une idée juste de ce que fut cette période d'après-guerre : Paris, le Versailles de la mode, et Dior, son Roi Soleil. L'exposition «The Golden Age of Couture : Paris and London 1947-1957», au Victoria and Albert Museum de Londres, célèbre cet âge d'or et montre surtout les échanges fructueux entre Savile Row et l'avenue Montaigne. Cette décade dorée a été celle d'une certaine entente cordiale entre le savoir-faire des tailleurs britanniques et le démiurge du New Look, Christian Dior. En Angleterre, c'est Hardy Amies, Digby Morton, John Cavanagh ou Norman Hartnell qui habillera la souveraine de ses Flowers of the Fields of France, lors de sa visite d'Etat en 1957 (une robe-hommage entièrement brodée des symboles de l'histoire de France, fleurs de lys, abeilles napoléoniennes, épis de blé républicains). Ce côté-ci de la Manche, il n'y a pas que