Patrick Modiano a reçu le prix Nobel de littérature 2014. «Libération» l'avait rencontré en 2007 pour évoquer ses premières lectures. Le titre original de cet article, paru en octobre 2007, était : «Mais qui est Dédé Sunbeam ?»
Trois écrivains d'après-guerre traversent en seconds rôles, au coeur des années soixante, les cafés parisiens du roman de Patrick Modiano : le dramaturge Arthur Adamov, le poète Olivier Larronde, le romancier Maurice Raphaël. Un écrivain est fait d'écrivains. Pour Libération, l'auteur évoque deux grandes figures littéraires qui ont accompagné ses débuts, Raymond Queneau et Paul Morand, et certains textes qui ont marqué sa jeunesse.
Le premier écrivain que vous avez connu est Raymond Queneau. Plus tard, avec Malraux, il a été témoin à votre mariage. Comment est-il entré dans votre vie ?
De 11 à 17 ans, j'ai été dans des pensionnats. Quand j'étais à Paris, je pouvais sortir le samedi et j'allais chez mes parents. Ma mère connaissait la femme de Queneau et un samedi, à déjeuner, il se trouvait là. J'avais quatorze ans et demi. Il a dû voir que j'étais un peu livré à moi-même. Par gentillesse sans doute, il m'a dit : tu peux venir déjeuner chez moi le samedi. Donc, de fin 1959 à juin 1960, quand j'étais interne au lycée Henri IV, je suis allé déjeuner chez lui. Il était souvent seul, le samedi. Il habitait rive droite, près du Pont de Neuilly, c'était une espèce de bloc d'immeubles 1930. Square Casimir Pinel, c'est ça ! Un nom qui a