En quoi Christian Dior a-t-il révolutionné la mode ?
Christian Dior radicalise un petit mouvement, une tendance de la mode qui commence à faire surface après-guerre : le léger rallongement des jupes. Cette mode a choqué au début ; la longueur de la jupe, d'habitude, perçue comme puritaine, est ici scandaleuse. Cela s'explique par les frustrations liées aux privations des années de guerre, le rationnement de tissus, les conditions matérielles très dures de l'époque, Dior met le doigt là où ça fait mal : le pouvoir d'achat et le pouvoir d'être belle. L'allure que Dior a voulu donner à la femme a néanmoins subjugué dès le lancement de sa boutique. Au matin du 12 février 1947, Carmel Snow, la rédactrice en chef du Harper's Bazaar, s'exclame : «Dear Christian, your dresses have such a new look !»
C’est quoi le «New Look» ?
Christian Dior est hanté par des grands fantasmes féminins que sont la marquise des salons du XVIIIe siècle, ou des dames du Second Empire, comme la comtesse de Castiglione, à la fois aventurière et élégante, en passant par le trottin de la Belle Epoque, cette Parisienne alerte, vive, petite demi-mondaine liée aux métiers de la couture, à la frontière de la prostitution. Dior, c'est l'anti-Chanel, il reprend l'histoire de la mode là où Coco Chanel est arrivée, il recorsète, n'hésite pas à faire des citations comme la crinoline ou les faux culs. Il souligne ce que j'appellerais la trinité anatomique la taille, les fesses, la poitrine.