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Libération
Critique

Chloé Unique en son genre

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publié le 6 octobre 2007 à 0h32

«It's Sunday (I don't like it, I'm alone, like when I was a child)» : disque de lendemains, The Waiting Room, premier album de Chloé, DJ, ex-résidente historique du Pulp (avec Ivan Smagghe et Jennifer Cardini) détonne dans l'électro française gavée d'hédonisme fluo. Elle, qui a brûlé tous les dancefloors du monde, attend le dernier moment pour délivrer une ligne de basse assassine, laisse monter la tension insidieusement. Pourtant, à un certain niveau de son, il faudrait un car de CRS pour vous arrêter de danser sur ce disque. Le même, si vous décidez de le passer à un niveau plus raisonnable, sonne subitement comme un parfait disque de folk du XXIIe siècle, saisissant comme un livre de J. G. Ballard. Cette salle d'attente est faite de murmures et de visions intimes à peine avoués. «Chaque titre est associé à un moment de ma vie.» Sentimentale Chloé, qui sait se transformer assez vite en politique Chloé, prête à tenir tête à la moindre étiquette. «Je suis juste particulièrement paranoïaque à l'idée de me retrouver enfermée dans un quelconque conformisme.» Pour qui se pose la question des genres, de tous les genres, sexuels comme musicaux, ce disque est un cadeau du ciel : non seulement, celle qui le porte sait ­ pour faire partie de la bande des filles qui ont fait le Pulp ­ ce qu'un texte de Judith Butler veut dire.

Mais surtout, il n'y a pas une seconde de cet album à la cohérence impressionnante qui pourrait relever d'un genre prédéfini : minimal, poussé à son maximum, ele