Bernard Kouchner, un matin à l'aube, sur Europe 1 : «Ne prenez pas ce ton, Monsieur !» Les mots tombent assez lentement de la hauteur qu'il se donne. «Ne prenez pas ce ton, Monsieur !» Autrement dit : «Taisez-vous, Elkabbach !» Car Monsieur est Jean-Pierre Elkabbach. Il le sera jusqu'en enfer, où la réplique de Georges Marchais le suivra. Et l'insolence pendra comme un imperméable au vestiaire. De quoi parlait Monsieur sur ce «ton» ? D'un complaisant rapport sur Total en Birmanie, d'un jogging burlesque avec le Président : l'un puis l'autre, l'un dans l'autre. La carrière de Kouchner rebondit tant, elle est unie par une telle autosatisfaction, qu'on finit par mélanger ses vices et ses vertus, les souvenirs qu'il nous laisse et l'avenir qu'il s'accorde. Ce que l'oreille retient, c'est donc cela : une réplique du ministre et la voix de Monsieur. L'agaçante scansion de cette voix, son espèce de martèlement pied-noir insistant, dépose comme à l'ordinaire ses questions à mi-pente, entre essai d'interrogatoire et séance d'alphabétisation. Elle paraît chercher la dent la plus sensible du patient. Monsieur est un dentiste qui pourrait presque faire croire qu'il va appuyer dessus et, pourquoi pas, mordre le micro qui le nourrit. Mais «Ne prenez pas ce ton, Monsieur !» l'anesthésie reprend ses droits et, quand le micro tonne, quand la mâchoire se referme, Monsieur se calme. Il a raison. Que répondre à un homme vieillissant qui croit mériter son d
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