Dominic Johnson balance un lourd rideau de perles métalliques accroché à son front, puis retire les crochets un à un laissant les rigoles de sang strier son visage et couler sur son torse nu. Ron Athey, à quatre pattes sur une table retire les aiguilles qui maintiennent son extravagante perruque blonde et le sang s'épanche sur son visage tatoué qu'il frotte contre des plaques de verre, plaques ensanglantées qu'il fera glisser fébrilement, tel un rituel étrange, sur son corps, tremblant et majestueux, recouvert de tatouages graphiques. Plastiquement saisissant et chargé d'émotion, ce double solo, Self Obliteration (autodestruction), est un court extrait d'une pièce intitulée Incorruptible Flesh (Perpetual Wound).«La chair inaltérable, c'est l'état du corps d'un saint qui ne pourrit pas, pour moi c'est une manière de reparler du corps contaminé par le sida qui refuse de se décomposer, c'est une manière de montrer mon corps comme un cadavre vivant», explique avec douceur Ron Athey. Le performer californien né en 1961, séropositif depuis de longues années, a commencé à travailler sur la pièce avec Lawrence Steger, également contaminé et décédé depuis. «Visuellement j'essaye d'exprimer le malaise du survivant, je suis toujours là et je ne vais pas bien, je ne suis pas malade, je ne suis pas mort, je ne suis pas vivant, dit-il en riant. Et c'est parce que la blessure ne guérit pas, que je continue à performer.» Incorruptible Flesh se décline sous de mul
Le corps contaminé de Ron Athey
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par Marie Lechner
publié le 12 octobre 2007 à 0h43
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