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Libération

«L'Origine», des origines à nos jours

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D'un sofa ottoman au divan de Lacan, le fabuleux destin du plus osé des tableaux de Courbet.
publié le 13 octobre 2007 à 0h45

Quelle histoire ! Un polar, même, autrement excitant que tous les Da Vinci Code et dont il serait plaisant qu'un bon faiseur de Hollywood s'empare. Mais qui osera jouer vraiment l'Origine du monde? D'autant que Sharon Stone, à sa façon, l'a déjà interprétée en croisant et décroisant ses jambes dans Basic Instinct.

Le tableau fut commandé à Courbet en 1886 par un certain Khalil-Bey, riche diplomate ottoman venu à Paris ­dilapider sa fortune. Dans le plus pur style d'un Offenbach en vrai, il collectionne les chevaux, les filles légères et les tableaux. Dans son salon du boulevard Haussman, fréquenté par le Tout-Paris, il régale son monde de plus de cent oeuvres, dont le Bain turc d'Ingres et, oulala !, l'Origine du monde. Qu'il n'a pas payé. C'est un cadeau de Courbet, un bonus à l'oeil pour la commande par Khalil-Bey d'une autre toile, le Sommeil, double nu saphique audacieux. En 1888, le prodigue Turc est bientôt ruiné, il repart à Istanbul et ses collections sont dispersées pour payer ses dettes de jeu. L'Origine est vendu à part, en secret (mystère sur le nom de l'acheteur) et disparaît.

En 1913, il ressurgit à Paris chez le marchand Berheim-jeune qui le cède à François de Hatvany, baron hongrois, peintre, esthète et collectionneur, qui l'installe dans son palais de Budapest. Où le tableau sommeille pour quelques amis choisis du baron. Jusqu'à ce qu'en 1944, les ­occupants nazis d'abord, puis les libérateurs soviétiques, pil