Après le plantage de Bilal à l'Elysée Montmartre, et celui, plus prévisible, d'Amy Winehouse au Zénith lundi, il devient risqué de s'emballer pour les artistes soul de cette génération R & B-hip hop, qui ont bien l'air de se contrefoutre de leur public. Quand Bilal estimait vendredi dernier que le public parisien «ne chantait pas assez bien», Amy Winehouse, elle, lui adressait à peine la parole, bâclant ses titres, hésitant entre se cacher en coulisses, discutailler avec ses musicos, s'accompagner à la guitare puis la retirer en essayant de ne pas s'emmerder la bandoulière dans la choucroute. Finalement, elle ne s'est sentie vraiment à l'aise qu'en reprenant des morceaux ska. Cool, mais ces artistes ont apparemment oublié que les pékins qui assistent à leurs répétitions paient aussi leur place.
Ce soir, Rahsaan Patterson, qui vit dans l'ombre de ses nombreux amis, Shaka Khan, Fergie ou Brandy, pour qui il avait écrit le tube Baby, fera certainement moins de caprices de star. A l'instar d'un autre producteur, Raphaël Saadiq, Rahsaan Patterson est aussi doué pour écrire pour les autres que pour chanter lui-même, et se fend d'un album solo tous les cinq ans.
Le dernier en date, Wines & Spirits, propose une soul raffinée, vitaminée au funk, qui ne s'interdit pas quelques jolies sucreries comme Breaking my heart. La grande Shaka Khan dit de lui qu'il fait partie des artistes qui l'inspirent, au même titre que Stevie Wonder ou Joni Mitch