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David Cronenberg Inconditionnel du futur

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Dans son dernier film, «les Promesses de l'ombre», le réalisateur canadien décrit Londres en capitale des mafias modernes. Décryptage de l'oeuvre visionnaire d'un cinéaste toujours aussi fasciné par la science, obsédé par le corps et narrateur d'un avenir aussi proche qu'angoissant.
publié le 10 novembre 2007 à 1h26

C'est un postulat et une conviction : David Cronenberg est un héros du futur. Peut-être le plus grand héros du futur parmi tous les cinéastes vivants. La première condition pour prétendre à un tel titre, c'est d'abord d'incarner une alternative au présent, or Cronenberg est l'un des plus farouches ennemis du monde présent. Si le monde présent peut se définir comme l'expression de l'économie en tant qu'hyperpuissance dominante et si le vecteur principal de cette domination est l'industrie globale du spectacle, des loisirs et du divertissement, alors David Cronenberg est celui qui affronte ce monde présent en s'emparant de ses propres armes et le combat avec la plus grande efficacité.

S'agissant de Cronenberg, il ne faut jamais perdre de vue ce déterminisme géographique : citoyen canadien, il est un pur enfant de la terre et de la civilisation américaines mais il n'est absolument pas états-unien. Il s'est même largement construit à la fois à côté et contre les Etats-Unis. Il a grandi aux premières loges du halo solaire que la première puissance du monde irradie, et à l'ombre même de cet astre trop imposant, protégé par une frontière aussi bien géographique que symbolique, topographique que politique, physique que mentale. Cette position continentale et nordique a profondément formé son regard et ce regard a formé le cinéaste. C'est pour cela que Cronenberg n'est pas simplement un cinéaste indépendant : il est un cinéaste indépendantiste, dans la mesure où il s'inscrit entièreme