Samedi soir, Rio de Janeiro, dans un des entrepôts de l'école navale de Boqueirão (prononcer boquerone), deux murs d'enceintes propulsent les dernières productions du funk carioca. Beatbox, trompette, coassements de grenouille, tambour, filles sexy, wagons de jeunes hommes exécutant les mêmes pas de danse... tous les ingrédients du baile funk sont là. Sur scène, un groupe de filles, short en jean ras le fessier, haut de bikini, cuisses surmusclées, harangue le public. C'est la Gaoïala das Popoduzas, la cage aux grosses. Vanesca, la femme de tête, décrète que «jusqu'à maintenant, [elle était] une nana correcte» : «Maintenant, je suis une pute et personne ne va me tenir. Ce soir, je vais me frotter au sol sans slip.»
DJ Amazing Clay termine sa prestation par un funk carioca chargé de trompette de supporteurs de stade. Ceux du club local Flamengo sont dans la salle et mettent leurs bras en croix. Commence alors le chassé-croisé des wagons de filles et de garçons, sortes de chenilles funky, les uns montés sur des ressorts tendent la tête à droite à gauche, les autres se déhanchent, miment les paroles des chansons : «Elle s'assoie sur moi, se frotte et la petite en redemande.» Et une lignée de jeunes femmes, de 15 à 25 ans, tendent leurs fesses en arrière.
«Sur invitation». Ces fameux «bals funk», rassemblements de jeunes des favelas et des classes moyennes de Rio tant commentés sur internet, filmés à l'arrache et diffusés sur YouTube, existent depuis trente ans à