L'affection donnée à un animal est parfois insondable. Sans doute faut-il entretenir une relation intense avec son ami canin pour porter un pull ou une veste réalisés avec son sous-poil. A première vue, la chose semble étrange, voire peu ragoûtante aux yeux de ceux qui ne se passionnent guère pour le monde animal. Un vêtement en laine de chien ne pique-t-il pas la peau ou le nez ? Ne dégage-t-il pas une forte odeur ? Ne sent-il pas mauvais tombée la première pluie ? Ne peluche-t-il pas sans fin ?
Une des rares fileuses de laine canine en France, Doumé Jalat-Dehen, apaise les craintes. «Quand j'enfile ma veste, je ne suis pas poursuivie par une meute de chiens.» Ce type de vêtement n'a aucune odeur. «Ce qui sent dans un chien, explique-t-elle, c'est le suint (1). Il a été enlevé.» Elle prévient seulement. «La laine canine est extrêmement chaude. Elle se révèle insupportable quand vous n'êtes pas dans un pays froid. Un jour, j'ai pris le train avec mon pull enfilé à même la peau. J'ai failli tomber dans les pommes car je ne pouvais pas l'enlever.» On comprend mieux pourquoi le filage de laine canine est avant tout une tradition des peuples esquimaux. Mais comme le réchauffement climatique menace désormais la planète, le poil de chien devenu pelote tient plus aujourd'hui de la relique à forte charge affective que de la survie en milieu hostile. «La plupart de mes clients veulent un souvenir de leur compagnon, une fois qu'il ne sera plus là», dit Doumé Jalat-Dehen.
Rouet. Voilà di