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Libération

Une science-fiction en sept obsessions

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Du mutant à la folie, l'imaginaire de David Cronenberg s'articule autour de thèmes récurrents, qui font son univers inimitable. Retour sur une filmographie à faire pâlir un psychanalyste.
publié le 10 novembre 2007 à 1h26

Folie(s) «Spider» (2002)

Avec Spider, le plus théorique de tous les films de Cronenberg (et sans doute celui où il rejoint le plus franchement le cinéaste radical underground qu'il fut à ses débuts) c'est un peu comme si toutes les questions qui formaient la substance des films précédents étaient réunies en un seul drame théâtral et presque opératique. Le vrai et le faux, l'imaginé et le vécu, la folie et la raison, jouent ici une partie désespérée. Ralph Fiennes y chute sans cesse et nous égare. Où est le héros, où est l'histoire, où est le spectateur ? Dans le récit, répond le film, uniquement dans le récit de l'homme qui rejoue sous nos yeux les épisodes d'une enfance inventée ou perdue. Tout est faux, tout est fou. Les deux films suivants (A History of Violence et les Promesses de l'ombre) enfonceront le même clou : tout le cinéma du monde ne tient que par la narration.

Un homme est une femme «M. Butterfly» (1993)

Dans la Chine des années 1960, le diplomate français René Gallimard tombe éperdument amoureux de la chanteuse d'opéra Song Liling... Mais qui exactement habite le corps de Song Liling ? D'un faits divers historique romanesque et fameux, Cronenberg retient le vertige humain mutique, le non-dit porté à son terme le plus délirant qui est aussi son point d'incandescence : l'obsédant Jeremy Irons sachant qu'il ne sait pas et ne voulant pas savoir qu'il sait. Clairement le film le plus transgenre et transidentitaire de Cronenberg. Mais curieusement l'un des moins transs