Menu
Libération

Les prix montent pour les journalistes

Article réservé aux abonnés
publié le 13 novembre 2007 à 1h28

Ancien grand reporter à Libération,Jean Hatzfeld, couronné hier par le prix Médicis, aimait travailler dans la durée afin de livrer à ses lecteurs des histoires de chair et de sang, recueillies avec empathie et sans moralisme. Ces derniers se souviennent notamment de son travail à Sarajevo ou à Vukovar. S'il a renoncé progressivement, comme il l'affirme lui-même, à l'écriture journalistique, Hatzfeld a conservé ce souci de s'immerger dans une réalité pour mieux tenter de la restituer, cette fois dans ses livres.

Après avoir «couvert» le conflit en ex-Yougoslavie au début des années 90, il a appréhendé le génocide au Rwanda à travers le témoignage des rescapés (Dans le nu de la vie, 2000), puis des bourreaux (Une saison de machettes, 2003). La Stratégie des antilopes (Seuil), son troisième ouvrage consacré à cette tragédie, primé hier, évoque l'incroyable cohabitation entre les victimes et les génocidaires présumés, libérés pour désengorger les prisons et remettre le pays sur les rails.

C'est la force de l'écrivain : il a le temps pour lui, celui de s'installer et d'arpenter les collines, de voir et surtout d'écouter les uns et les autres. De retour à Nyamata, une ville au sud de Kigali où il a séjourné à maintes reprises, Jean Hatzfeld retrouve des amis et des connaissances. Ces liens tissés au fil du temps lui permettent de raconter les petits riens de la vie d'après le génocide, imperceptibles aux yeux de l'étranger. Mais au Rwanda, Jean Hatzfeld n'est plus un