Maurice Béjart, monsieur Ballet du XXe siècle, va bientôt entrer dans le XXIe, toujours aussi populaire, de la Belgique à la Suisse où son ballet est installé ainsi que son école. Français, il n’a jamais eu de théâtre à Paris. Rencontre avec un chorégraphe de 72 ans qui n’a pas envie de prendre sa retraite.
Pourquoi avez-vous déclaré «la danse est l’art du XXe siècle»?
Les Ballets russes, Nijinski, Isadora Duncan ont libéré la danse des conventions. J’ai pris la relève. Il y a eu une éclosion de chorégraphes très différents, de Balanchine à Forsythe. La danse a marqué le siècle plus que toute autre forme d’art.
La danse peut-elle être du XXIe?
Je carbure dans le présent. Je ne peux rien prédire à plus de trois ans. C’est pour cela que j’ai toujours refusé de signer des contrats à long terme. Même si mon père le philosophe Gaston Berger a inventé la prospective, je suis un artisan du jour le jour. René Char, que j’aimais beaucoup, a employé l’expression d’«artisanat furieux», cela me convient.
L’an 2 000, cela vous fait quoi?
La numérotation m’agace. L’an 2 000 n’existe que pour les chrétiens, et encore pas pour tous.
En dehors de la danse, quel regard portez-vous sur ce millénaire finissant?
C’est le siècle des guerres, coloniales, entre colonies, génocides, crimes contre l’humanité. Le siècle bat les records d’inhumanité. On parle beaucoup, mais on ne se bat pas assez pour la sauvegarde de l’humain.
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