«Je n'ai pas fait un disque. Je n'avais pas le courage de faire un disque. Cela aurait été trop difficile. C'était plus facile de ne pas faire un disque», écrivait David Shrigley à propos de son album concept, Worried Noodles(The Empty Sleeve), sorti en 2005 sur le label Tomlab, un album totalement muet, résumé à une pochette de 33 tours, avec un recueil de chansons assorties de dessins biscornus.L'artiste écossais y déploie son univers éclopé et grinçant, peuplé de corps nus et poilus, difformes, décapités, éviscérés, de mutants, Spider-Man à dix pattes, handicapé, nain et autres squelettes. Son trait maladroit, ses lignes instables font penser aux gribouillis d'un gamin légèrement perturbé, renforcé encore par les étranges paroles des ballades qui les accompagnent. Il y est question d'écureuil gentil et de fleurs méchantes, du bonheur d'être malade mental et de montrer son cul, d'oies qui donnent le blues, d'un gars qui tue un cygne à coup de club de golf, de nécrophilie mais aussi de choses très banales comme la supériorité de la confiture de cassis ou les patates douces.
Les paroles de ces comptines mal barrées sont domestiquées dans des strophes pour mieux piéger le lecteur. Elles ont la rime bizarre. Shrigley met ensemble des mots qu'on préférerait voir séparés. Des ritournelles poétiques, pathétiques, faussement naïves, à l'humour torve et à l'ironie mordante, qui finissent souvent en vrille.
«Je ne suis pas sûr que ce soit normal d'écrire des pa