Les danseurs sont déjà sur scène à écouter la Vina de K.V. Rajesh Muthuraman. C’est le début méditatif et apaisant de Messe pour le temps présent que Maurice Béjart vient de remonter, à l’identique, presque trente ans après sa création. En neuf épisodes (Le souffle, Le corps, Le monde, La danse, Le couple, Mein Kampf, La nuit, Le silence, L’attente), le chorégraphe nous convie à une cérémonie confraternelle, un festin de danse, une étape de l’histoire de la danse.
On avait pu voir récemment la IXe Symphonie recréée pour le ballet de l’Opéra de Paris (1964) et l’on n’avait guère été convaincu. Le ballet, notamment dans le traitement des ensembles, des masses, n’apparaissait pas vraiment passionnant sur le plan historique et encore moins quant à sa possible actualité. Il en est tout autrement avec Messe pour le temps présent créée en 1967 au Festival d’Avignon. Historiquement, ce spectacle est à plus d’un titre intéressant.
On y voit les interrogations d’une époque, ses slogans. Dans l’épisode «Le monde», il est fait lecture de la presse, sous forme de collage. Une lecture se termine par une danse où les femmes se frottent avec les journaux froissés. Dans «Le corps», il est question de charnier, de mort. Dans «Mein Kampf», sur des marches militaires françaises, il y a dénonciation des embrigadements. Dans «L’attente», il y a l’angoisse de la fin du monde, de la guerre thermonucléaire.
Mais outre les thèmes, la forme même du spectacle retient l’attention. C’est un fort curieux mél