«Dans la haute couture, si je puis me permettre, nous pétons dans la soie.» Gérald Watelet est un créateur de haute couture belge installé à Paris. Il fait des robes très chères parce que précieuses et peut se permettre les métaphores flatulentes sans avoir l'air d'emprunter à Jean-Marie Bigard. «Certaines clientes, cela arrive en haute couture, sont parfois hésitantes sur les prix. Alors elles essaient de voir comment l'on pourrait faire des économies, en remplaçant une doublure soie par autre chose par exemple. Je dit non, non et non !»
Gérald Watelet ne conçoit pas la couture sans soie. «Irremplaçable». «Incomparable». Si possible de la soie lyonnaise, et surtout pas chinoise, ni même italienne. La semaine dernière, il était à Lyon pour parrainer la 3e édition du marché des soies. Une manifestation ouverte aux particuliers où l'on peut acheter des mètres ou des chutes de tissus fabriqués par les soyeux traditionnels lyonnais. La chute d'une commande Chanel, le même tissu d'ameublement qui a servi à rhabiller les chambres de Versailles, ou, plus modestement, une petite étole coupée dans une très belle soie, mais au«prix de la fabrique».
Toucher. Un usage frappe dans le très cossu Palais du commerce de Lyon, où se tenait le marché : ici tout le monde tâte. La soie se choisit au toucher. Que l'on soit connaisseur ou pas. «Hum ! qu'est-ce ? un crêpe de soie ?»demande l'oeil plissé et connaisseur d'une dame faisant g