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Libération

Lutte des strass

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publié le 7 décembre 2007 à 1h54

C'est drôle quand même, la vie. On entreprend d'écrire sur les décorations de Noël en croyant qu'on va faire un sujet futile et léger. Et on tombe en pleine lutte des classes. On découvre qu'il y a un sapin de la bourgeoisie, qui se veut tout de mode et d'harmonie. Face aux décorations du peuple, caractérisées par des ornements extérieurs lumineux et des Pères Noël qu'on accroche dehors pour qu'ils aient l'air d'escalader la façade. Exercice difficile à en juger par certains immeubles qui finissent par ressembler au gibet de Montfaucon.

Le commerce de centre-ville, les grands magasins, ne vendent pas ces objets-là. «C'est pour les grandes surfaces», dit-on au BHV. On peut arpenter Paris, pas un Père Noël à suspendre chez Habitat, Monoprix, Delbard, Truffaut, Pier Import, sans même parler des petites boutiques de décoration. La fracture sociale a atteint le sapin.

Longtemps, il fut pourtant un havre fédérateur. Dans toutes les familles, du haut en bas de l'échelle, on sortait tous les ans les mêmes boîtes contenant les mêmes boules et les mêmes guirlandes pour réaliser, grosso modo, le même arbre de Noël que l'année précédente. Et que celui des voisins. Nul n'avait le souci de faire du sapin un élément de distinction.

Thème russe. C'est terminé. La tendance règne dans le rayon des scintillants. Très étudiée, même. Isabelle Caillet, acheteuse des luminaires et des décors de Noël pour le BHV, explique comment on procède : «Nous travaillons dès le mois de juin avec les re