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Libération
Critique

Cate Blanchett La femme aux deux visages

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par AZOURY Philippe
publié le 8 décembre 2007 à 2h06

Après deux heures et cinq minutes

d'I'm Not There, on n'est plus certain d'avoir assisté à une biographie filmée de Bob Dylan, tant Todd Haynes a réinventé le personnage en se ressourçant à sa mythologie. On est sûr en revanche d'avoir rencontré un film qui pousse jusqu'à ses limites une réflexion sur l'acteur. Pensez, un film qui demande à six acteurs d'être le personnage principal avec pour défi non pas d'incarner une époque mais l'essence même de Dylan et son jeu avec le vrai et le faux. Clou de ce théâtre transformiste, l'australienne Cate Blanchett, jean serré, cheveux en bataille, Wayfarer noires, Beatles boots et veste en daim : demander à une femme d'être le Dylan 66, celui de l'électricité et des années Warhol-Eddie Sedgwick, est un coup de maître, un de ces gestes qui placent Haynes parmi les auteurs les plus intelligents de son époque.

La question n'est plus de savoir si la Blanchett est bluffante dans le rôle d'un garçon teigne à la maigreur non pas androgyne mais due aux amphétamines : cela, Harvey Weinstein, le mogul de Miramax, y a déjà répondu, à sa façon, lorsqu'il souffla à l'oreille de Todd Haynes, durant la standing ovation qui suivit la projection du film à Venise, que si Blanchett ne raflait pas l'oscar, il préférait changer de métier. On commence juste à mesurer le cadeau du ciel que représente la présence d'une telle actrice dans le paysage cinématographique actuel. Elle est capable d'être reine (Elisabeth, en salles le 12 décembre), vamp (Katherine Hep