On connaissait une partie de ses portraits d'artistes sous forme de badges surdimensionnés, dévoilés à la Biennale de Lyon en 2005 et plus récemment au Smak de Gand, en Belgique. Au Centre de création contemporaine de Tours, elle revient avec une série de douze badges représentant de grands artistes du XXe siècle.
Agnès Thurnauer ne tire pas le portrait de façon académique. Ici, pas de visages, juste des lettres, ne formant pas le nom exact de ces personnages, dont l'identité sexuelle a été détournée. Andy Warhol, Francis Picabia, Jean Nouvel, Le Corbusier (que des hommes) se transforment par exemple en Annie Warhol, Francine Picabia, Jeanne Nouvel et La Corbusière. Un choix dicté par des interrogations multiples, plus que par «engagement féministe», assure l'artiste de 45 ans. D'autant qu'elle s'est mise depuis peu à masculiniser les noms de quelques dames de l'art contemporain.
Elle cherche ainsi à stimuler l'imaginaire du «regardeur» sur un mode interrogatif : comment peuvent-ils devenir une forme en soi ? En somme, ces badges colorés, tels des miroirs arrondis, sont une invitation à la représentation sous toutes ses formes. Car cette expo est à la fois visuelle et sonore. Pour Thurnauer, «dès qu'il y a du langage, des sons sont produits, émis ou intériorisés». La lecture des noms «est une coopération entre l'artiste et le regardeur qui fait travailler ses images mentales. Une oeuvre ne vit que parce que sa lecture n'est jamais terminée».
Outre ses badge