Menu
Libération

Istanbul L'esthète de Turquie

Article réservé aux abonnés
Istanbul est en passe de devenir un des lieux incontournables de la création contemporaine. Une mutation lancée par une nouvelle génération d'artistes et de mécènes. Reportage.
publié le 9 février 2008 à 2h24

Istanbul envoyé spécial

a robe est stricte et la pose altière. A demi couchée sur un divan, la jeune femme regarde fièrement vers le peintre en jouant d'une main avec un grand collier de perles. De l'autre, sur son ventre, elle tient un livre à la couverture rouge dont on devine le titre, Faust. Etrange et un peu maladroit, ce tableau d'un banal style fin XIXe français, accroche le regard. Le titre de la toile est surprenant: Goethe au harem. Et plus encore, son auteur, un certain Abdülmecit (1868-1944). Avec ce portrait de sa première épouse, ce peintre pourfendait les clichés de l'orientalisme occidental. Il était en outre l'ultime représentant de la dynastie ottomane, dernier calife et commandeur des croyants, qui fut déposé en 1923 par la République et envoyé en exil en France où il continua à peindre, surtout des marines. "Cette oeuvre fascine parce qu'elle est un paradoxe total et représente une transition avec ce que sera la peinture moderne turque", explique Lora Sarraslan-Büyükisman, une des conservatrices d'Istanbul Modern. Dans la collection permanente, une centaine de toiles et quelques sculptures résument un siècle de création longtemps inspirée par Paris où vécurent ­ et vivent encore ­ de nombreux peintres turcs, avec des personnalités fortes comme Fikret Mualla, Abidin Dino, Sarkis, Yüksel Arslan, même si depuis des années, Londres et New York prennent le pas. Les expositions temporaires alternent des rétrospectives d'artistes turcs ­ actuellement Cihat Burak­