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Libération

L'AVÈNEMENT DU MODÈLE MANGA

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Le monde des jeux vidéo et des mangas installe un mode de consommation où les désirs sont satisfaits immédiatement. Le stade ultime de l'économie libérale?
publié le 9 février 2008 à 2h24

Les Otakus, accros aux mangas, jeux vidéo et dessins animés, ont leur philosophe: Hiroki Azuma, intellectuel japonais qui, à 36 ans, incarne le renouveau de la pensée nippone. Traduit pour la première fois en France, il analyse dans Génération Otaku cette sous-culture, devenue universelle, à l'aune des théories postmodernistes: loin d'être marginalisée ou diabolisée, la culture otaku est, dit-il, le reflet de notre époque, "le confluent japonais de ce large courant de postmodernisation de la culture qui a débuté dans la seconde moitié du XXe siècle". Voilà pourquoi mangas et autres jeux vidéo connaissent un tel engouement à travers la planète. Génération Otaku, paru en 2001, a ravivé le débat d'idées au Japon, longtemps nourri de la traduction d'auteurs étrangers. Proche de son sujet, refusant les académismes du savoir, Hiroki Azuma est un philosophe qui préfère, aux colloques universitaires, une promenade dans le quartier Akihabara à Tokyo, fief des Otakus. Extrait choisi.

Ce qui différencie l'homme de l'animal, c'est la conscience de soi, et ce qui permet de créer des liens sociaux, c'est justement le désir qui existe entre les individus. Le désir animal peut se satisfaire en l'absence de l'autre alors que le désir humain, par essence, nécessite l'autre. Je n'entrerai pas dans les détails ici mais je signalerai simplement que cette différenciation, depuis Hegel jusqu'à Lacan, est un présupposé particulièrement important de la philosophie moderne. Ainsi "redevenir un animal"