La rue Montgallet vaut le détour. On y trouve de l'informatique jusqu'à l'écoeurement. Ça fait la joie des geeks, toxicomanes du circuit, et ça assure un dépaysant spectacle pour les autres. Dans chaque parcelle de cette petite rue jadis pépère du XIIe arrondissement de Paris, on erre entre marché asiatique frénétique et métalangage incompréhensible. Pour la municipalité parisienne qui s'en désole, la rue Montgallet est le symbole de la monoactivité déshumanisée. C'est un peu injuste, tant la frénésie ambiante a justement un caractère foncièrement humain, artisanal, bordélique et sacrément grisante, du moins pour les initiés.
«Ocazions». Depuis la bonne douzaine d'années que dure le manège, la rue a changé. Mais à doses homéopathiques. Il y a longtemps, dans l'austérité monacale de leur vitrine, les spécialistes n'attiraient le chaland que grâce à une infinité d'affichettes absconses, recouvertes de produits aux noms de formules mathématique assortis d'un tarif forcément attractif car suivi d'un point d'exclamation et, toujours, du mot «seulement». Sans oublier la farandole des «Prix foli !» ou des «Ocazions» car ici, ce n'est pas exactement le festival de l'orthographe.
Aujourd'hui, beaucoup ont fait de louables efforts. Certains ont collé de jolies plantes vertes en plastique dans leurs vitrines, d'autres de chouettes petites sculptures fabriquées à partir de rebut de matériel informatique. On ne saurait conseiller de jeter un oeil attendri par exemple,